Google Analytics est depuis longtemps l’outil de prédilection pour mesurer l’audience et analyser le comportement des visiteurs sur un site web. Pourtant, son utilisation soulève des questions cruciales quant au respect du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), surtout après la mise en demeure de certains sites français par la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) en février 2022. Cette décision a fait grand bruit et réinterroge aujourd’hui les pratiques des gestionnaires de sites qui cherchent à exploiter leurs données tout en respectant les exigences européennes en matière de vie privée. Comment peut-on continuer à utiliser Google Analytics sans enfreindre la législation ? Quelles alternatives conserver quand la conformité semble fragile ? Face aux défis posés par le transfert transatlantique des données et l’influence des autorités de protection comme la CNIL et d’autres Data Protection Authority (DPA), les acteurs du numérique explorent diverses pistes. Cet article expose en détail ces enjeux, les solutions techniques envisageables et les perspectives pour 2025.
Contexte légal et décision récente de la CNIL sur Google Analytics et le RGPD
Le cadre juridique du RGPD est catégorique : tout transfert de données personnelles vers des pays hors de l’Espace Économique Européen (EEE) doit offrir un niveau de protection équivalent à celui exigé dans l’UE. Or, en février 2022, la CNIL a mis en demeure un gestionnaire de site français utilisant Google Analytics, soulignant que les transferts de données vers les États-Unis ne respectaient pas les articles 44 et suivants du RGPD. Cette décision intervient à la suite de nombreuses plaintes de l’association None Of Your Business (NOYB), lancée par l’activiste Max Schrems, qui a déposé plus d’une centaine de plaintes dans toute l’Europe concernant le non-respect du RGPD par des outils américains.
Voici les principaux constats qui ont motivé cette décision :
- Google Analytics transfère des données personnelles vers les États-Unis, ce qui n’est pas autorisé tant que les garanties prévues par la réglementation ne sont pas apportées.
- Le mécanisme d’anonymisation utilisé n’est pas jugé suffisamment robuste : Google peut techniquement identifier les internautes via le croisement de données.
- Les services de renseignement américains peuvent accéder aux données, comme l’a indiqué l’arrêt Schrems II de la Cour de Justice de l’UE, ce qui renforce les risques pour la vie privée.
- Les sites continuant à utiliser Google Analytics dans sa forme actuelle s’exposent à des mises en demeure, voire des sanctions financières à terme.
La CNIL recommande aux gestionnaires de sites d’abandonner cette fonctionnalité, ou à défaut, de la configurer pour éviter tout transfert hors UE. Il est pertinent de consulter l’analyse détaillée proposée sur DPO Partage pour approfondir ce sujet.
Critères | Pratiques Google Analytics (par défaut) | Exigences RGPD/CNIL |
---|---|---|
Transfert de données | Vers les États-Unis sans protections renforcées | Interdit sans garanties adéquates (Privacy Shield invalidé) |
Anonymisation des données | Partielle, permet identification indirecte | Doit empêcher tout traitement permettant identification |
Consentement des utilisateurs | Nécessaire avant dépôt des cookies | Doit être clair, libre et sans obstacle, avec options « tout refuser » |
Prendre en compte ces éléments est fondamental pour comprendre les enjeux aux frontières entre analyse web et respect des libertés numériques. Les solutions comme Matomo ou Piwik PRO sont souvent mises en avant comme alternatives compatibles avec les exigences européennes.

Les mécanismes de collecte et de traitement des données dans Google Analytics au regard du RGPD
Google Analytics repose sur le dépôt de cookies et la collecte de diverses données utilisateurs, comme l’adresse IP et l’ID client, afin de tracer le comportement des visiteurs. Sous le RGPD, les pratiques liées à cette collecte et ce traitement sont strictement encadrées :
- Recueil du consentement préalable et éclairé : avant tout dépôt de cookie, le visiteur doit être informé clairement, avec la possibilité de refuser sans difficulté.
- Anonymisation des données sensibles : la CNIL et les autres autorités soulignent que les adresses IP doivent être anonymisées, un paramètre optionnel dans Google Analytics, mais souvent non activé par défaut.
- Durée limitée de conservation des données : les données ne doivent pas être conservées indéfiniment. L’outil propose des options pour choisir la durée, un levier important pour la conformité.
Présentées ainsi, ces contraintes compliquent l’usage classique et généreux des fonctionnalités avancées que proposait Google Analytics auparavant. Elles requièrent une configuration technique pointue, couplée à un paramétrage adapté du Cookiebot ou OneTrust par exemple, afin de gérer les consentements de manière transparente.
Dans ce contexte, l’utilisation du Google Tag Manager, un système de gestion de balises, peut aider à contrôler plus finement la collecte des données et éviter les sollicitations excessives d’informations personnelles. Par ailleurs, la CNIL a introduit son propre Consent Mode, un mode opératoire permettant d’ajuster le comportement des tags Google en fonction du choix de l’utilisateur sur les cookies.
Il existe un vrai fossé entre la collecte massive et parfois peu régulée des données autrefois et la mise en conformité actuelle plus stricte qui impose de nombreux paramètres correctifs et un pilotage rigoureux. Pour un gestionnaire de site non expert, la transition peut être un vrai défi.
Élément | Pratique Google Analytics par défaut | Configuration respectueuse RGPD |
---|---|---|
Adresse IP | Collectée intégralement | Anonymisation activée (Google Analytics GA4) |
Cookies | Durée illimitée | Réduction de durée, consentement explicite |
Consentement | Souvent implicite ou compliqué | Consentement clair, bouton « Tout refuser » visible |
Une maîtrise des aspects techniques est donc clé. Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, plusieurs ressources techniques permettent d’optimiser ces configurations, comme le détail explicatif sur Castelis où sont aussi évoqués les paramètres avancés de GA4.

Alternatives à Google Analytics conformes au RGPD : quelle option choisir ?
Face aux difficultés de conformité de Google Analytics, de nombreux gestionnaires de sites s’intéressent aux alternatives plus respectueuses de la vie privée et adaptées aux exigences de la CNIL et des autres Data Protection Authorities. Ces solutions proposent généralement une approche plus éthique du tracking, réduisant voire supprimant la collecte de données personnelles.
Voici une liste non exhaustive des alternatives plébiscitées en 2025 :
- Matomo (anciennement Piwik) : solution open-source installable sur serveur privé, elle offre un contrôle total des données et assure leur hébergement en Europe.
- Piwik PRO : extension à Matomo avec des fonctionnalités professionnelles avancées, adaptée aux grandes entreprises exigeant une conformité stricte.
- Plausible : outil léger, sans cookies, axé sur l’anonymisation et la simplicité.
- Fathom Analytics : solution minimaliste et axée sur la vie privée, ne collectant aucune donnée personnelle.
- Abla Analytics : moins connu, mais conforme et développé avec la priorité à la protection des données utilisateur.
L’adoption de ces alternatives permet aux gestionnaires de site de rester dans un cadre légal sûr tout en obtenant des données suffisamment utiles pour optimiser leur présence numérique. Elles évitent ainsi le recours au Google Analytics, qui reste sous surveillance étroite.
Outil | Caractéristique principale | Type d’hébergement | Respect RGPD |
---|---|---|---|
Matomo | Open-source, contrôle total des données | Serveur privé ou Cloud européen | Conforme avec hébergement en Europe |
Piwik PRO | Fonctionnalités avancées pour entreprises | Cloud européen dédié | Conforme stricte |
Plausible | Léger, pas de cookies ni tracking personnel | Cloud européen | Conforme |
Fathom | Minimaliste et privé | Cloud européen | Conforme |
Abla Analytics | Protection des données prioritaire | Cloud ou serveur local | Conforme |
Il est recommandé d’évaluer ces options en fonction des besoins spécifiques de votre site et de votre niveau d’expertise technique. Le site Webanalyste propose un guide approfondi pour orienter ce choix.
Comment aménager la conformité Google Analytics grâce aux outils et bonnes pratiques ?
Pour les gestionnaires qui souhaitent conserver Google Analytics malgré les contraintes, plusieurs actions sont à envisager afin de mettre en place une conformité solide vis-à-vis du RGPD et des recommandations de la CNIL :
- Anonymiser les adresses IP au moyen de paramètres GA4, empêchant ainsi l’identification directe des visiteurs.
- Réduire la durée de vie des cookies pour limiter la conservation des données.
- Configurer Cookiebot ou OneTrust pour gérer le consentement en toute transparence, incluant un bouton « Tout refuser » visible et accessible facilement.
- Utiliser Google Tag Manager pour ajuster les scripts en fonction du consentement donné, via la fonctionnalité CNIL Consent Mode.
- Signer un accord de protection des données (Data Protection Agreement) avec Google, bien que cela ne suffise pas à lever tous les risques liés au transfert vers les États-Unis.
- Documenter toutes ces mesures dans la politique de confidentialité et auprès des autorités compétentes en cas d’audit.
Cette démarche demande une concertation étroite entre équipes techniques, juridiques et marketing pour assurer que l’outil est utilisé de manière conforme et éthique.
Voici un tableau synthétisant les actions à entreprendre :
Action | Description | Impact sur la conformité |
---|---|---|
Anonymisation IP | Activation dans GA4 du masquage de l’adresse IP | Réduit le risque d’identification |
Gestion des cookies | Réduction durée, respect du consentement via Cookiebot/OneTrust | Meilleur respect du RGPD |
CNIL Consent Mode | Adaptation du comportement des tags selon consentement | Favorise le respect du choix utilisateur |
Data Protection Agreement | Contractualisation avec Google | Sécurise juridiquement le transfert |
L’expertise juridique et technique demeure indispensable, surtout en 2025 où la CNIL continue de surveiller de près les pratiques. Plus d’informations sont disponibles sur Ad’s up.

Utiliser Google Analytics légalement en respectant les recommandations
Le respect des règles n’empêche pas l’exploitation des données, à condition d’adopter une stratégie alignée sur les normes. Cela inclut :
- Limiter la collecte aux données strictement nécessaires.
- Evaluer en continu la conformité des processus.
- Former les équipes au RGPD et à la gestion des données personnelles.
- Employer régulièrement des outils de contrôle et de rapport.
Comparateur des outils d’analyse de trafic et conformité RGPD
Outil | Conformité RGPD | Facilité de mise en place | Coût | Contrôle des données | Fonctionnalités analytiques |
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Impact des décisions CNIL et rôle historique dans la protection des données vis-à-vis de Google
La CNIL, fondée il y a plus de 46 ans, est une autorité majeure chargée de veiller à la protection des données personnelles en France. Son action sur Google et les géants du numérique a toujours été déterminante.
En décembre 2021, la CNIL a infligé une amende de 150 millions d’euros à Google pour des pratiques jugées non conformes, notamment sur la gestion du consentement des cookies sur Google Search et YouTube. Ce mécanisme, trop difficile à utiliser pour refuser les cookies, a poussé Google à intégrer définitivement un bouton « Tout refuser ». Cette évolution concrète améliore la transparence et le respect des utilisateurs.
Dans ce contexte, bien que Google Analytics ait connu une mise en demeure en 2022, les modifications progressives apportées à ses produits ont permis à ce service de redevenir légal dans l’UE lorsqu’il est paramétré correctement. Google met d’ailleurs en avant la version GA4 dans cette optique. Mais la vigilance demeure intense.
Voici un rappel des points forts de la relation CNIL-Google :
- Sanctions financières lourdes en 2021 pour non-respect du consentement cookies.
- Obligation pour Google d’adopter des mécanismes clairs et simples pour exiger et refuser les cookies.
- Mises en demeure consécutives concernant Google Analytics et les transferts de données vers les États-Unis.
- Collaboration avec les opérateurs pour intégrer des modes de consentement conformes, comme le CNIL Consent Mode.
La CNIL joue donc un rôle de régulateur actif, imposant des adaptations rapides aux acteurs du web, protégeant ainsi au mieux les droits des internautes européens. Pour un éclairage juridique complet, cet article sur Haas Avocats est une ressource précieuse.
Questions fréquentes sur l’utilisation de Google Analytics et le RGPD
- Google Analytics est-il interdit en France ?
Il n’est pas interdit à proprement parler, mais son usage doit impérativement respecter le RGPD. La CNIL a sanctionné certains usages non conformes, notamment liés aux transferts de données vers les États-Unis. - Comment rendre Google Analytics conforme au RGPD ?
Il faut notamment anonymiser les IP, réduire la durée de conservation des cookies, gérer strictement le consentement via des outils comme Cookiebot ou OneTrust et utiliser le CNIL Consent Mode avec Google Tag Manager. - Existe-t-il des alternatives à Google Analytics compatibles RGPD ?
Oui, des solutions comme Matomo, Piwik PRO, Plausible ou Fathom Analytics sont recommandées pour une meilleure conformité. - Que risque un site qui utilise Google Analytics sans adaptation ?
Des mises en demeure, sanctions financières et perte de confiance des utilisateurs sont possibles. - Google a-t-il prévu de se conformer au RGPD ?
Google fait des efforts, notamment avec GA4 et le CNIL Consent Mode, mais la question des transferts hors UE reste sensible.