Face à l’essor fulgurant du numérique, les noms de domaine sont devenus des actifs stratégiques incontournables pour toute entreprise ou marque. Pourtant, la difficulté de sécuriser ces précieux identifiants sur le web est croissante, notamment à cause des pratiques telles que le cybersquatting, où des tiers indélicats déposent des noms de domaine en lien avec des marques déposées pour tenter d’en tirer profit. Cette usurpation peut gravement porter atteinte aux droits de propriété intellectuelle des véritables titulaires et créer des litiges de domaine particulièrement complexes. En 2025, face à ces enjeux, plusieurs procédures et recours juridiques se sont renforcés pour accompagner les victimes dans la récupération de leur nom de domaine. De la procédure UDRP internationale aux dispositifs spécifiques comme SYRELI de l’AFNIC pour la France, les voies d’arbitrage ou encore les stratégies préventives s’enchaînent pour protéger la protection des marques et garantir un environnement numérique plus stable. À travers cet article, nous explorerons concrètement ces outils essentiels pour reprendre le contrôle de son nom de domaine, comprendre les bonnes pratiques et éviter les pièges du cybersquatting.
La procédure SYRELI de l’AFNIC : un recours rapide en cas de nom de domaine squatté
La découverte que le nom de domaine souhaité est déjà enregistré par un tiers, surtout lorsqu’il s’agit d’un cybersquatting, peut s’avérer être un véritable cauchemar pour les entreprises. Mettant à mal la stratégie digitale et la notoriété d’une marque, cette situation appelle souvent à une réaction rapide et efficace. En France, l’AFNIC (Association Française pour le Nommage Internet en Coopération) a mis en place dès 2011 un système dédié appelé SYRELI, qui vise à résoudre les litiges de domaine .fr, .re, .pm, .tf, .wf et .yt par une procédure extra judiciaire simplifiée.
Conditions d’éligibilité à la procédure SYRELI :
- Le nom de domaine doit avoir été enregistré ou renouvelé après le 1er juillet 2011 dans une extension française.
- Le requérant doit démontrer un intérêt légitime à agir, souvent lié à des droits de propriété intellectuelle sur une marque déposée.
- La preuve que le nom de domaine porte atteinte à ses droits ou à sa personnalité.
- Preuve supplémentaire que le titulaire actuel agit de mauvaise foi, sans intérêt légitime et dans l’intention de tirer profit.
Cette procédure s’impose comme une alternative plus accessible et moins coûteuse que les recours judiciaires classiques. Pour la mise en œuvre, un dépôt de requête s’effectue auprès de l’AFNIC, accompagné d’un paiement forfaitaire de 250 euros. L’AFNIC sollicite ensuite la défense du détenteur actuel et prend une décision sous un délai maximal de deux mois.
Par ailleurs, pendant toute la durée de la procédure, les opérations de cession ou modification liées au nom de domaine sont gelées, garantissant ainsi la stabilité du dossier.
Il est vivement conseillé de recourir aux services d’un avocat spécialisé en droit du numérique et propriété intellectuelle, notamment afin d’établir un dossier solide mettant en lumière la violation des droits de la marque déposée et la mauvaise foi manifeste du cybersquatteur.
Étapes de la procédure SYRELI | Description |
---|---|
Dépôt de la requête | Par le titulaire légitime du droit auprès de l’AFNIC, avec justification et frais de dossier. |
Notification au titulaire actuel | L’AFNIC informe le détenteur du nom de domaine et recueille ses observations. |
Décision de l’AFNIC | Rendu dans les 2 mois suivant le dépôt, avec notification aux parties. |
Transfert du domaine | Application de la décision par le bureau d’enregistrement si elle est favorable au demandeur. |
Ainsi, SYRELI permet de gérer rapidement les litiges liés au cybersquatting et d’assurer la protection des marques déposées, sans passer par une procédure judiciaire longue et onéreuse.

Recours juridique international : la procédure UDRP face au cybersquatting
À l’échelle globale, la protection des noms de domaine est encadrée par des règles spécifiques, notamment sous l’égide de l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers). L’une des procédures clés est la procédure UDRP (Uniform Domain-Name Dispute-Resolution Policy), largement utilisée pour régler les litiges relatifs à des noms de domaine sous les extensions génériques (.com, .net, .org, etc.).
Cette procédure extrajudiciaire permet d’agir efficacement contre le cybersquatting, à condition de réunir certains éléments :
- Identité et droits antérieurs sur une marque déposée ou un nom commercial protégé.
- Le nom de domaine en question doit être « identique ou confusément similaire » à la marque du plaignant.
- Le titulaire actuel du domaine ne doit pas justifier d’un intérêt légitime à l’utiliser.
- Il doit y avoir la preuve d’enregistrement et d’utilisation de mauvaise foi.
La plainte est déposée auprès d’un centre d’arbitrage agréé par l’OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle), qui évalue la recevabilité du dossier avant de rendre une décision dans un délai généralement compris entre 60 et 90 jours.
Un des avantages majeurs de la procédure UDRP réside dans la rapidité et l’expertise des arbitres spécialisés, évitant ainsi les lourdeurs judiciaires classiques. En cas de succès, le nom de domaine est transféré au demandeur sans frais supplémentaires, assurant une protection efficace de la propriété intellectuelle sur Internet.
Il est toutefois essentiel de préparer minutieusement le dossier, en fournissant notamment les preuves relatives aux droits de propriété intellectuelle et à la violation commise par le cybersquatteur. Ceci garantit une meilleure chance de réussite, notamment dans les recours internationaux, où les questions de législation locale peuvent venir compliquer les procédures.
Critères pour la réussite d’une plainte UDRP | Description |
---|---|
Identité/confusion | Le nom de domaine est identique ou confusément similaire à une marque déposée. |
Absence d’intérêt légitime | Le détenteur du domaine ne justifie pas d’un droit ou intérêt valable à l’usage du nom. |
Mauvaise foi | L’enregistrement ou l’utilisation du domaine vise à nuire ou profiter indûment de la marque. |
Dans certains cas, notamment lorsqu’une protection renforcée des marques est souhaitée, il est recommandé de combiner la procédure UDRP avec des démarches de preventive trademark, pour cloisonner tout risque futur et éviter un nouveau litige de domaine.
Stratégies et démarches pratiques pour récupérer un nom de domaine déjà pris ou expiré
Face à un nom de domaine déjà enregistré par un tiers sans intention évidente de l’utiliser, plusieurs approches pragmatiques permettent d’envisager la récupération ou l’acquisition :
- Contact direct avec le détenteur actuel, après recherche via Whois ou en utilisant des plateformes spécialisées.
- Surveillance régulière du nom de domaine, en attendant une éventuelle expiration ou une mise en vente.
- Utilisation de services de backorder pour tenter d’acquérir automatiquement un domaine dès qu’il redevient disponible.
Pour un domaine expiré, la procédure varie selon les phases :
- Période de grâce : généralement 30 à 45 jours après expiration, durant laquelle le propriétaire initial peut renouveler sans coût additionnel.
- Période de rédemption : période prolongée où la récupération est encore possible mais avec des frais plus élevés.
- Mise en vente publique : lorsque le domaine est libéré, il peut être acquis par quiconque.
Voici un tableau récapitulant les étapes et les coûts liés à la récupération d’un nom de domaine expiré :
Phase | Durée approximative | Coûts pour récupérer | Accessibilité au tiers |
---|---|---|---|
Période de grâce | 30-45 jours | Renouvellement standard | Non |
Période de rédemption | 30 jours environ | Frais supplémentaires à payer au bureau d’enregistrement | Non |
Mise en vente publique | Après rédemption | Prix du marché, selon offre et demande | Oui |
Il est important de souligner que dans tous les cas, une bonne gestion et une veille proactive des noms de domaine liés à une marque déposée constituent la meilleure défense contre le cybersquatting et les abus. Cela implique aussi des stratégies de protection des marques via des enregistrements multiples des extensions les plus courantes.
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Comment récupérer un nom de domaine auprès de votre hébergeur ou d’un autre serveur ?
La gestion d’un nom de domaine passe souvent par un hébergeur ou un bureau d’enregistrement, et il peut arriver que l’utilisateur perde l’accès à son compte associé ou rencontre des difficultés techniques. Les étapes pour récupérer ou transférer un nom de domaine vers un autre serveur sont clairement codifiées :
- Contact immédiat avec le service client de l’hébergeur ou bureau d’enregistrement concerné pour résoudre un éventuel blocage.
- Vérification des coordonnées et notamment de l’adresse email associée, car toutes les communications importantes y sont envoyées.
- Obtention du code d’autorisation ou EPP, indispensable pour initier un transfert vers un nouveau fournisseur.
- Déverrouillage du domaine dans l’interface de gestion pour permettre le transfert.
- Respecter la période de transfert imposée (généralement 5 à 7 jours) durant laquelle les DNS devront être reconfigurés.
Ce processus nécessite une certaine vigilance, notamment pour ne pas interrompre l’accès aux services associés au domaine (site web, messagerie, etc.) pendant la transition technique. La vigilance envers les tentatives de phishing ou d’usurpation au moment d’une procédure de récupération est également essentielle, une attention particulière à la sécurité informatique s’imposant.
Ce type de démarche peut parfois se compliquer si l’hébergeur initial n’est plus joignable, ce qui demande alors d’envisager des recours juridiques ou techniques plus avancés, notamment en cas de litige de domaine avéré.
Pour comprendre les enjeux juridiques autour des litiges clients à l’international, explorez cet article détaillé sur les tribunaux compétents en cas de litiges clients étrangers.
Les voies d’arbitrage et actions en justice pour les cas complexes de cybersquatting
Lorsque les procédures à l’amiable ou extrajudiciaires ne suffisent pas, il est souvent nécessaire de s’orienter vers des recours juridiques classiques ou l’arbitrage pour régler un litige de domaine complexe. Cela concerne par exemple les cas où :
- Le titulaire du nom de domaine refuse tout contact ou négociation.
- La mauvaise foi du cybersquatteur est manifeste et documentée, après une procédure UDRP ou SYRELI infructueuse.
- Le litige est combiné à d’autres atteintes juridiques comme la contrefaçon de marque, la concurrence déloyale ou la diffamation.
En France, les tribunaux judiciaires sont compétents pour examiner de tels contentieux, souvent sur la base des droits de propriété intellectuelle et des lois sur les marques déposées. Il s’agit de démontrer l’usage frauduleux ou abusif du nom de domaine, la confusion auprès du public et le préjudice subi.
Les voies d’arbitrage peuvent toutefois offrir une alternative plus souple, notamment via des centres d’arbitrage spécialisés dans les litiges de domaine à l’OMPI ou d’autres entités reconnues. Ces procédures peuvent être plus rapides et adaptées à la complexité des dossiers.
Voici une liste des actions possibles :
- Saisine du tribunal compétent en matière de propriété intellectuelle.
- Engagement d’une procédure d’arbitrage par l’OMPI.
- Demande d’injonction de faire ou de cesser le dépôt de contenu illicite via des procédures adaptées (voir comment faire cesser un contenu copié).
- Constitution d’un dossier solide prouvant le cybersquatting devant le tribunal.
Les coûts et la durée des procédures varient grandement selon la spécificité du dossier, mais ces recours finissent par restaurer la jouissance complète du nom de domaine au bénéfice du titulaire légitime.
Recours pour récupérer un nom de domaine squatté
Questions fréquentes sur la récupération d’un nom de domaine squatté
- Quels sont les critères pour déposer une plainte UDRP contre un cybersquatteur ?
Pour déposer une plainte UDRP, il faut démontrer que le nom de domaine est identique ou similaire à une marque déposée, que le titulaire du domaine n’a aucun droit ni intérêt légitime et que le domaine a été enregistré et utilisé de mauvaise foi. - Quelle est la différence entre la procédure SYRELI et la procédure UDRP ?
SYRELI est une procédure française extrajudiciaire appliquée aux domaines en .fr et extensions associées, tandis que l’UDRP est une procédure internationale applicable aux extensions génériques. Les deux visent à résoudre rapidement les litiges liés au cybersquatting. - Comment surveiller un nom de domaine pour anticiper une possibilité de récupération ?
Il existe des services de surveillance ou backorder qui vous alertent dès qu’un nom de domaine expire ou change de statut, vous permettant de réagir rapidement pour le récupérer à sa libération. - Un nom de domaine expiré est-il immédiatement disponible pour un tiers ?
Non, il suit une période de grâce puis de rédemption avant d’être libéré, ce qui donne au propriétaire initial plusieurs chances de renouveler le domaine avant qu’il soit accessible à la vente publique. - Est-il recommandé de négocier directement avec un cybersquatteur ?
Bien que certaines négociations puissent aboutir, il est conseillé de manier cette approche avec prudence afin de ne pas encourager le cybersquatting. Les recours judiciaires et procédures comme UDRP sont souvent préférables.